conf17Pendant seize années, Laurent Olivier, Conservateur en chef au Musée des Antiquités Nationales de Saint-Germain-En-Laye a, avec ses équipes internationales, fouillé le sous-sol au coeur du Saulnois historique afin de comprendre comment les Celtes et les Gaulois fabriquaient le sel dans l'Antiquité.

Le programme de fouilles s'achève cette année afin de permettre aux différents chercheurs d'analyser et de publier le fruit de leurs recherches.

Dans le cadre de la fête Univer'Sel organisée ce dimanche 27 août à Marsal, Laurent Olivier a donné une conférence qui retrace ces seize années de recherches archéologiques.

 

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Les organisateurs de la fête Univer'Sel étaient fiers et heureux hier en fin de soirée d'avoir pu offrir aux archéologues qui mènent depuis plus de quinze ans des fouilles au coeur du Saulnois, une fête à la mesure de l'importance de leurs recherches. 

Autour de la conférence de fin de fouilles de Laurent Olivier, un des plus grands spécialistes des Celtes et des Gaulois en Europe, les nombreuses animations proposées ont attiré la grande foule à Marsal ce dimanche 27 août.

Plusieurs centaines de personnes toutes générations confondues, ont ainsi, toute la journée durant, déambulé dans les rues de l'ancienne cité du sel pour se cultiver, écouter, jouer, peindre, danser, chanter, manger et boire sous un chaud soleil de fin d'été. univ2

Dès dix heures le matin, l'atelier des Petits Archéos permettait à des dizaines d'enfants de devenir apprentis archéologues. Un chantier de fouille grandeur nature avait été reconstitué pour eux par Laurent Olivier et son équipe. Avec les propres outils des professionnels, les bambins ont gratté, deterré, répertorié les objets découverts avant de recevoir un beau diplôme de fouiileur. 

Juste à côté, le stand des jeux en bois traditionnels n'a pas désempli de la journée.

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Sur des panneaux de bois de sept mètres de long, l'artiste peintre anglais  Wayne Sleeth invitait le public à prendre les pinceaux pour laisser sur cet immense fresque, à la manière de Monet, une image collective du patrimoine naturel marsalais.

L'anthropologue Tiffany Garcia Parrilla, proposait au public une réflexion sur la culture et le patrimoine dans le Saulnois. Sur deux cartes du territoire (une institutionnelle, réalisée par le Communauté de communes du Saulnois et une autre vierge) les participants étaient invités à indiquer leurs sites culturels emblématiques, les sites oubliés par la CCS, ceux qu'il faudrait valoriser et/ou promouvoir....univ4

Un peu avant midi, tout le monde s'est rasssemblé sur la Place du village pour une inauguration officielle de la fête Univer'Sel ! Un moment d'émotion fort puisqu'un hommage solennel a été rendu à l'ancien maire du village, fondateur du musée du sel, du PNRL zone Est, Henri Rémillon décédé jeudi dernier.

Après la minute de silence, les officiels ont pris la parole pour remercier chaleureusement Laurent Olivier et l'ensemble des archéologues qui avaient fouillé le sous-sol du Saulnois pendant seize ans, aidant ainsi l'humanité, grâce aux nombreuses découvertes, à accroître ses connaissances sur l'organisation de la société dans le monde antique.

univ6Le Maire de Marsal, Bernard Calcatéra, Michel Rémillon, président des Amis du Musée du Sel, Laurent Olivier, les Sénateurs de la Moselle Jean-Marc Todeschini et Jean-Louis Masson, le Vice-Président du PNRL Rémy Hamant ont redit l'importance de ce programme de recherche et la nécessité de conserver et présenter les résultats des fouilles dans un musée du sel qu'il faut réouvrir au plus vite et dans les meilleures conditions.

Après le repas préparé par le restaurateur de l'Auberge du Saulnois et la Maison Davrainville, producteur de viande marsalaise, après la dégustation pour certains des bières artisanales de la Brasserie de l'Arsenal, au son du groupe d'un groupe de Folk Cajun, les visites guidées ont démarré.

Visites traditionnelles de la ville de la cité fortifiée, de la Collégiale et la visite insolite et totalement décalée des guides loufoques Lucienne et Venceslas. Cent cinquante personnes en tout qui auront découvert sous un nouveau jour Marsal et ses richesses.univ5

A seize heures, la conférence de Laurent Olivier aura rassemblé la foule dans la grande salle de l'Arsenal. Le Conservateur en chef du Musée des Antiquités Nationales a dressé le bilan de ses seize années passées à fouiller le sous-sol du Saulnois. (voir très prochainement la conférence en vidéo). L'assistance, extrêmement attentive a retenu, que dans le monde entier, les scientifiques s'intéressant à l'Antiquité, connaissent et aiment Marsal et le Saulnois.

Les spectateurs ont appris également que lors de cette dernière campagne, l'exhumation de matériel romain près des bassins de décantation de saumure laisse à penser, contrairement à tout ce que l'on avait imaginer, qu'on a extrait du sel à l'époque de l'occupation romaine dans le Saulnois.

univ7Evidemment, les questions du public ont porté sur la situation du musée du sel (fermé depuis novembre 2016 et dont on ne connaît encore pas la date de rouverture, on parle de 2018). Le Député, Fabien Di Filippo, qui découvrait le riche passé du Saulnois, s'est dit préoccupé par la situation du musée. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour faire avancer le dossier et oeuvrer à la réouverture de ce fleuron du patrimoine mosellan, lorrain et national.

En fin d'après-midi, c'est à la Collégiale qu'avait lieu l'évènement. C'est le pianiste allemand Markus Stange qui au cours d'un récital d'une heure a subjugué l'assistance en jouant divinement Catoire de Bioncourt, Chopin, Debussy, Messiean et Schumann.univ8

Deux concerts de musique festive ont clos cette grande journée Univer'Sel. Le groupe local Les Tongs et le groupe nancéien La Ptite Soeur ont fait chanter, rire et danser les nombreux visiteurs jusque tard dans la soirée.

Tout au long de la journée, des petits sachets de sel gemme, ont été vendus donnant également la possibilité aux acheteurs de participer à une grande tombola.
Le ticket vainqueur (n°1753) a remporté une superbe lampe taillée dans ce même sel gemme qui était au coeur de cette grande fête populaire.

 

 

 

 

 

 

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Il y a quelques semaines pour Grain de sel, il nous avait parlé pendant une heure trente sans interruption des cinq années d'exil des Marsalais pendant la deuxième guerre mondiale.

A l'âge de 94 ans et après sa partie de cartes hebdomadaire à l'Auberge de Mulcey, Henri Rémillon est décédé hier jeudi en fin d'après midi.

La disparation de ce géant du Saulnois va résonner comme un coup de tonnerre sur ce territoire qu'il a tant aimé.

En republiant l'article intitulé "Henri Rémillon..pionnier du Saulnois touristique" mis en ligne sur Grain de sel en février 2010, on atténuera peut-être un peu cette tristesse collective qui nous envahit lorsqu'un personnage de cette trempe disparaît.

Les obsèques d'Henri Rémillon seront célébrées lundi 28 août à 15h, à l'église de Marsal.

 

Henri Rémillon, pionnier du Saulnois touristique :

A 87 ans, il vous raconte avec un enthousiasme et une énergie hors du commun comment, avec une poignée de passionnés, il a contribué à créer le Syndicat d'initiative, le musée du sel, le Parc naturel régional de Lorraine.
Henri Remillon a reçu le Grain de sel pour une plongée dans l'histoire du Saulnois.

Né le 25 janvier 1923, dans la maison familiale, à la ferme de Bourrache, à côté de Marsal, le jeune Henri reprend l'exploitation agricole à 28 ans et s'investit très tôt dans les instances professionnelles agricoles. Il est ainsi le plus jeune membre de la chambre d'agriculture. Il crée  le cercle des jeunes agriculteurs des cantons de Vic et Dieuze. Plus tard, il deviendra président du jury du concours de chevaux de trait ardennais de l'Est de la France.

En 1959, après le décès soudain, du maire de Marsal, Jules Joublot, il faut élire un nouveau conseiller municipal. Henri Remillon se présente, est élu et devient même maire dans la foulée. Il restera à la tête de la commune trente années. Cette prise de fonction non programmée sera grandement facilitée par l'aide précieuse du secrétaire de mairie de l'époque : Mr Admant. Grâce à ce remarquable guide, le jeune maire comprendra rapidement les arcanes de la gestion municipale.

Plein de détermination et avec un culot étonnant, il renverra,  un certain Gil Bureau,  architecte chargé de la reconstruction du village (comme à Moyenvic)  et grand prix de Rome, persuadé que ce fameux architecte parisien n'oeuvrait pas dans l'intérêt des habitants de sa commune.

En 1965, avec Mrs Woerther, Corbeil, Durain, Admant et  Paté, il relance le syndicat d'initiative de Vic, alors en sommeil, pour en faire le Syndicat d'Initiative de Vic et de ses environs en y intégrant les villages d'Haraucourt de Marsal et Moyenvic. Un dépliant est rapidement réalisé présentant les lieux touristiques importants de chaque village.

En 1970, Jean-Paul Bertaux entreprend pour la DRAC (Direction régionale  des affaires culturelles) une campagne de fouilles  dans la haute  vallée de la Seille. Il contacte Henri Remillon et s'installe à Marsal. Afin de montrer au public les découvertes et le fameux briquetage de la Seille une exposition est organisée dans une salle de la porte de France. Le Syndicat  d'Initiative apporte de Vic des objets de l'hôtel de la Monnaie, le musée de Sarrebourg aide à garnir la salle en sortant de ses réserves quelques antiquités. Des pièces gauloises et romaines sont aussi exposées et quelques trésors du premier collectionneur marsalais Armand Demange sont sortis des greniers et  montrés au public. L'usine EFKA réalise pour l'occasion des vitrines qui abriteront les premières  collections. C'est le début de l'aventure du musée du sel.

Fort de ses relations avec quelques hommes politiques lorrains très influents et sensibles à l'importance historique de la vallée (Pierre Messmer, François Guillaume) et grâce à l'implication des industriels de la chimie et du sel (Salins du midi, Solvay..), le musée est officiellement inauguré le 25 novembre 1973 en présence du Premier ministre et du ministre de l'environnement.

Le musée grandira au fil des années, grâce à l'association d'animation du musée créée par Henri Remillon. Il embauchera des hôtesses d'accueil, publiera avec les professionnels du sel la revue de grande qualité "Les cahiers du sel",  installera une boutique à l'entrée du musée et accueillera les scolaires  pour acquérir au final une renommée régionale incontestée.

En 1995, l'association d'animation du musée se verra remettre le prix du meilleur accueil des musées de France.  En 2004, le musée franchira une étape supplémentaire en devenant départemental.

L'implication d'Henri Remillon dans le développement du Saulnois le placera tout naturellement au coeur du processus de création du Parc naturel régional de lorraine (PNRL) au début des années soixante-dix. Il devra se battre au sein même de son propre conseil municipal pour faire admettre l'idée du PNRL. Les réticences étaient grandes, il y a quarante ans, lorsque l'on parlait d'environnement ou de  préservation et valorisation  du  territoire.

Après avoir franchi de nombreux obstacles, la charte du PNRL sera finalement signée par les Marsalais. Il imposera alors la présence des élus locaux au sein du conseil d'administration du PNRL, au côté de l'état et du conseil régional.  Il sera d'ailleurs le premier représentant des maires de Moselle au sein de cette instance. Le PNRL sera  un partenaire de poids pour l'aide apportée dans la gestion du musée du sel.

Décoré de l'ordre national du mérite en 1988, Henri Remillon pose un regard plein d'humilité sur son parcours pourtant exceptionnel qu'il résume d'une simple phrase : « Dans la vie, il faut toujours s'ouvrir sur l'extérieur ».

Le 4ème numéro du journal de la jeunesse vicoise "Le Séquoia" réalisé par l'association Moi je tout seul vient de paraître.

Dans cette édition, les jeunes lecteurs pourront retrouver les rubriques jeux, feuilleton, recettes, agenda, activités des associations locales mais ils pourront lire aussi les articles sur les journées du patrimoine, l'histoire du sel, l'aide humanitaire dans le monde.

Les rédacteurs ont ajouté deux rubriques qui devraient séduire les enfants : Nature et Carnet de voyage. Dans ce numéro, il sera question d'un gîte à insectes et de l'école au Pérou.

Bref un numéro riche et varié à découvrir dès à présent sur Grain de sel en cliquant sur la vignette ci-dessous : 

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Le quotidien spécialiste de l'économie "Les Echos" a consacré, dans son édition du 18 août, un article sur les vestiges archéologiques du Saulnois communément appélés briquetage de la Seille. 

Un coup de projecteur national sur notre territoire et ses richesses que vous pouvez lire ci-dessous :

A vingt kilomètres de Nancy, le Briquetage de la Seille constitua à l’âge de fer un des principaux sites européens de production de sel.A vingt kilomètres de Nancy, le Briquetage de la Seille constitua à l’âge de fer un des principaux sites européens de production de sel.
Au sud de la Moselle, les collines verdoyantes de Marsal recèlent un site archéologique majeur, qu'un chantier-école international explorera cet été pour la dernière fois. Connu sous le nom de « Briquetage de la Seille », le lieu conserve les vestiges d'une industrie du sel qui prit à l'âge de fer des dimensions stupéfiantes. Du VIIe  au Ier siècle avant J.-C., les Celtes, puis les Gaulois, ont exploité les sources naturellement salées de la rivière Seille. La saumure obtenue par décantation était chauffée dans des moules en argile. Les sauniers cassaient ensuite ces briquetages pour dégager les pains de sel. Les monticules de déchets ainsi disséminés constituent aujourd'hui un trésor pour la recherche.

Depuis 2001, des équipes françaises, britanniques, chinoises ou allemandes se succèdent sous la direction du Musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye pour investiguer une zone de 10 kilomètres de longueur, où sont enfouis quelque 4 millions de débris de terre cuite, soit deux fois le volume de la pyramide de Khéops ! « Les programmes de recherche successifs nous ont beaucoup appris, non seulement sur les techniques de production du sel, mais aussi sur l'impact de cette exploitation sur l'environnement naturel et humain de l'époque celte à nos jours. Les échantillons recueillis à Marsal feront l'objet de plusieurs monographies, mais le site n'a certainement pas livré tous ses secrets ! », assure Laurent Olivier, conservateur en chef du patrimoine et responsable du département d'archéologie celtique et gauloise du Musée d'Archéologie nationale.

Conserver les aliments
Préhistorique, l'épopée industrielle de la vallée salifère mosellane renvoie à des thématiques étrangement contemporaines. A l'époque où les tribus nomades se sédentarisent, le gisement, situé au coeur de l'Europe, à 300 kilomètres de la première mer, fait des autochtones celtes les rois du pétrole de l'âge de fer. La précieuse substance agrémente les repas, fidélise le bétail et constitue la meilleure manière de conserver les aliments. Venue d'Alsace, de Bourgogne, d'Allemagne ou de la région parisienne, la clientèle afflue. L'analyse des briquetages permet d'évaluer la production celte à plusieurs milliers de tonnes de sel par an. Dans un premier temps, la manne profite aux autochtones et favorise les échanges.

Les archéologues ont découvert dans les vestiges d'habitations des bijoux en ambre provenant de la mer Baltique, de l'or, mais aussi des meules ou des ossements de cochons, témoignant d'un commerce soutenu, notamment avec les vallées vosgiennes. L'enrichissement local semble se tarir à l'époque gauloise. La production augmente pourtant, atteignant plusieurs dizaines de milliers de tonnes de sel par an, mais elle paraît contrôlée par des aristocraties éloignées. Sur place, certains indices évoquent le recours au travail forcé.

Conséquences environnementales
En 2014, les archéologues découvrent dans un silo à grains les restes de quatre hommes et de quatre femmes sans lien de parenté. Les nombreuses fractures des côtes et des poignets indiquent qu'ils ont été soumis à de lourdes charges. L'exploitation intensive affecte également l'environnement. Les besoins en combustible entraînent une déforestation massive. Les 7 millions de tonnes de déchets générés en cinq siècles obstruent peu à peu les cours d'eau. Le changement climatique, qui renforce l'humidité et la froidure, contribue à transformer les vallées sèches en marécages. L'exploitation salifère prend fin avant l'avènement de l'ère romaine, mais ses conséquences environnementales perdureront durant plus de deux millénaires. En 1663, lorsque Louis XIV s'empare des Salines de Marsal, son intendant Vauban, chargé de leur fortification, bute sur les débris argileux et sur les poches marécageuses. La vallée de la Seille ne sera finalement drainée qu'au début du XXe siècle. Quant au Musée du sel situé dans le village et visité par des générations d'enfants lorrains, il vient de fermer provisoirement pour un an, faute de financement.

Pascale Braun, Les Echos