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Effet de mode, choix d'hurluberlus déconnectés de la réalité, opportunisme financier, l'agriculture biologique n'a pas vraiment la cote dans le Saulnois et  rares sont les fermes dans nos campagnes à pouvoir apposer le logo à la feuille verte sur les sacs de blé. 

Malgré le beau succès du magasin associatif l'Inventerre du Pré vert qui vend, à Dieuze, à 450 membres les produits des quelques paysans bio de notre territoire, malgré la présence de l'AMAP bio La Salicorne d'Abondance le monde de la bio est plutôt sous représenté dans le Saulnois. 

Pourtant au niveau national, ce mode de production excluant tout pesticide a le vent en poupe et les conversions d'exploitants conventionnels vers l'agriculture biologique sont légion. 

Il était intéressant alors de rencontrer un agriculteur du Saulnois (le seul ?) qui est en période de conversion (temps de trois ans nécessaire au passage du conventionnel au bio) afin de comprendre les raisons qui l'ont poussé à franchir le pas vers l'agriculture biologique. guy2

A 45 ans Guy Gérard, est agriculteur en polycultures/élevage depuis deux décennies à Guéblange les Dieuze. Père de trois enfants, il se lance dans l'agriculture bio après une longue réflexion et une conjonction de nombreux éléments qui ont contribué à lui faire franchir le pas. 

Un pépin médical d'abord et les conseils d'un médecin qui l'ont alerté sur les graves dangers qu'il encourt lors des manipulations des produits chimiques de traitement de ses cultures. Des informations ensuite reçues par différents médias qui font état d'une véritable dépendance de l'agriculture vis à vis des laboratoires, de l'industrie chimique, des grandes surfaces et la terre sacrifiée sur l'autel des rendements et de la recherche de profit. Enfin une pression subie à l'intérieur même de sa famille par ses enfants, jeunes citoyens vigilants qui ont ici joué un rôle important dans la décision de passer au bio. 

Guy Gérard a cette image pour définir ce moment charnière de sa carrière : je passe de l'hôpital (l'agriculture et ses produits phytosanitaires comme médicaments) au gymnase (la nature, la gestion naturelle des sols, la sélection naturelle des espèces).

Ce passage du conventionnel au bio prendra trois ans. Trois ans de conversion pour laisser la terre se désintoxiquer.  Un passage délicat, il le concède, qui s'accompagne de quelques angoisses car l'agriculture biologique demande une attention de tous les instants. Ici les nutriments du sol indispensables à la croissance des plantes ne proviennent pas des usines Bayer et les desherbants ne sont pas vendus par Monsanto.

logobioIl faut donc anticiper. Apporter au sol les éléments minéraux nécessaires grâce à des cultures alternatives qui nourriront la terre avant les semis. Alors Guy Gérard a semé des légumineuses comme le trêfle, le pois, la luzerne et même du soja qui apporteront les nutriments sur les futures parcelles de céréales.

Pour le traitement des mauvaises herbes, le pulvérisateur a disparu. Il a été remplacé par une herse étrille qui arrache la pousse non désirée sans bouleverser le semis. Une opération presque chirurgicale qui doit être réalisée au bon moment.  

Comme tous les agriculteurs qui se lancent dans une telle aventure, Guy Gérard est aidé. Financièrement d'abord avec des sommes qui viennent compenser les rendements moindres. Par les collègues, avec lesquels sont organisées des rencontres régulières pour échanger sur les pratiques ou pour le prêt de matériel. 

Guy Gérard ne vendra ses premiers quintaux de blé, d'orge ou de maïs bio que dans plusieurs mois seulement mais en attendant, sa vision du métier a radicalement changé. Un sentiment de liberté et de tranquillité personnelle le guide lorsque chaque matin il se rend dans sa ferme.

Quant à l'avenir du bio dans le Saulnois, l'arrivée de Guy Gérard dans ce mode de production entraînera peut-être d'autres conversions. On entend d'ailleurs quelques bruits du côté du Domaine de Lindre et du Lycée agricole qui tendraient à prouver qu'un frémissement se fait sentir sur notre territoire pour ce type d'exploitation. 

 

 

 

Commentaires   

+4 #6 lajo 26-10-2016 15:17
Bravo à vous!!

Bravo!!! Belle initiative dans notre cher Saulnois, pour le moins frileux: ouvrons les yeux nom de Dieu! Nos villages se vident et se paupérisent, l'agriculture est de plus en plus intensive, aux mains de quelques gros paysans que plus personne ne connait et qui ont des milliers d'hectares!!! Le bio pourrait faire vivre bien plus de monde en plus de respecter l'environnement!
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+6 #5 Docteur House 24-10-2016 12:08
fantastique ! le site Bayer France qui fabrique des produits chimiques pour l'agriculture mais aussi les médicaments qui peuvent soigner les maladies dues aux produits...chimiques sort une application "e.thyroïde" une nouvelle application mobile conçue pour accompagner les personnes souffrant de dysfonctionnements thyroïdiens et les aider à mieux gérer la maladie au quotidien ! on croit rêver ! il y en a qui ne manquent pas d'air ! aux dernières nouvelles Bayer vient de racheter Monsanto fabriquant du Round Up !
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+6 #4 cest pas possible 24-10-2016 12:03
ben alors je croyais que c'était pas possible ! les conventionnels nous rabâchent à longueur de discussion que c'est trop aléatoire, qu'on risque la faillite, qu'il n' y a pas de débouchés pour les produits, qu'on ne peut pas faire sans le round up, l'anti limace et toute les autres merdes chimiques qu'ils pulvérisent ! c'est du pipeau alors ?!
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+7 #3 Amap la belle Verte 24-10-2016 11:23
Bonjour,

il existe également une autre Amap dans le Saulnois : Amap la Belle Verte qui propose des produits bios et locaux de notre territoire. Distribution chaque jeudi à 19 heures 54 impasse du château à Lucy
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+6 #2 cricri 24-10-2016 10:28
On espère qu'il bénéficie comme les autres de subventions car la conversion entraîne, on l'imagine, une baisse de revenus couplée à une augmentation du boulot (sans parler du stress dû au saut dans la nouveauté).
Là oui!!! La collectivité doit être derrière ces agriculteurs là.
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+5 #1 Sylvie 24-10-2016 09:30
Bravo Gérard, c'est un pas en avant vers le BNB.
Bonheur National Brut (BNB) mis en place au Bhoutan, un petit pays d’Asie du Sud.
Le BNB mesure la richesse autour de quatre piliers créateurs de sens : l’économie durable, la promotion de la culture, le mode de gouvernance et la qualité environnementale. Une utopie réalisée !

Objectif du Bhoutan: 100% bio
https://www.youtube.com/watch?v=nksNer2FYEM
https://www.youtube.com/watch?v=X71TTC5rYx8
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