Régulièrement apostrophé sur Grain de sel à propos de son attitude jugée trop discrète face au projet privé d'installation d'un méthaniseur aux limites de sa commune, le Maire de Marsal, Bernard Calcatera a souhaité s'exprimer sur notre site pour expliquer sa position. L'origine privée du projet ne l'empêche pas d'intervenir tant l'impact public est important dans ce dossier. Il a également abordé un autre thème sensible du moment : les restructurations des sites Moselle passion.
Le méthaniseur
Pour lui, à l'origine, le projet de méthaniseur était un beau projet. Traiter des effluents pour les rendre moins nocifs est une bonne chose mais à certaines conditions.
Ecologique et à taille humaine au début (il ne concernait que quelques agriculteurs), le dossier prend des proportions industrielles qui l'inquiètent. (23 agriculteurs maintenant) Le projet a débordé. Les agriculteurs locaux sont des bons agriculteurs mais pas des industriels. Ce n'est pas une construction anodine.
Annoncé comme l'un des plus grands méthaniseurs de France avec ses quatre cuves de vingt-cinq mètres de diamètres, le bassin de plus de 100 mètres de long, plus de 50 mètres de large où l'on stockera une demi-année de production d'effluents, le méthaniseur n'est pas installé, pour le premier magistrat marsalais, à un endroit propice et stratégique pour son exploitation.
Le site n'est pas très accessible aux engins qui vont circuler là. Le lieu est pentu. Ce ne sont pas les agriculteurs qui vont apporter eux-mêmes la matière première ou enlever les matières traitées. Ils vont utiliser, par tous les temps, les services d'un transporteur extérieur (à part peut-être les Marsalais ou Haraucourtois) ce qui aura un impact important sur la circulation. Bernard Calcatera a mis d'ailleurs des restrictions sur l'utilisation des chemins sur la commune qui ne sont pas prévus pour supporter de telles charges.
L'impact environnemental n'est pas bon également. Au départ ce projet est élaboré pour protéger l'environnement. Il ne faut pas que l'installation elle-même pollue cet environnement : pollution visuelle, pollution olfactive, proximité d'un site historique, proximité de la Seille et des ultra-sensibles labéllisées « Natura 2000 » et en ZNIEF.
Le maire de Marsal ne comprend pas qu'un tel projet ait été validé par les ABF et les intégrations paysagères prévues ne sont pas là pour le tranquilliser ni pour le satisfaire.
Autre inquiétude est l'apport prévu de culture dédiée, le maïs, notamment qui nécessite pour sa croissance beaucoup d'eau et de nombreux engrais et de produits de traitement. Incompatible avec cette idée de projet écologique vanté par certains.
Le maire de Marsal, ex-spécialiste de la gestion industrielle, a aussi un grand doute sur la rentabilité du projet dans les conditions annoncées. Le but de toute entreprise économique étant de générer des résultats ; l’investissement lourd des agriculteurs, déjà appauvris par les prix bas contestés de toutes part de leur production, ne sera pas un gage certain de résultats positifs et de survie. De nombreuses structures de méthanisation ne sont pas aussi rentables que ce qui avait été annoncé lors de l'élaboration des projets.
Sur l'emplacement maintenant, Bernard Calcatera pense que d'autres sites beaucoup moins sensibles étaient envisageables. Par rapport aux localisations des exploitations agricoles concernées, entre Dieuze et Moyenvic, il y avait d'autres lieux plus accessibles et tout aussi non inondables le long du pipeline qui recevra le gaz produit sans coût supplémentaires et surtout avec l’avantage de ne pas être situé aux portes du site touristique le plus important de notre arrondissement.
Sites Moselle passion et les restructurations à venir
A propos des sites Moselle passion, le maire est très inquiet. Egalement Président de l'Office de Tourisme du pays du Saulnois, de Vic et environs, le maire de Marsal déplore que le Conseil départemental se désolidarise complètement des acteurs locaux.
Le Département de la Moselle est en train de scier l’arbre public qui a été planté par plusieurs générations de ses prédécesseurs et de bénévoles du milieu touristique et culturel local.
La politique de l'OT s'appuie sur les sites Moselle passion du Saulnois et les fermetures pendant cinq mois des musées de Vic et Marsal sont des handicaps lourds pour notre territoire. A aucun moment, le Département n'a évoqué la gestion et l'avenir de ces sites avec le président de l'OT, avec les maires concernés, avec la Communauté de communes du Saulnois, avec les associations locales. Les nominations changeantes à la tête des musées, les incertitudes concernant le personnel ne contribuent pas au travail serein des structures.
Preuve du dédain départemental, le premier magistrat s'étonne de voir débarquer des élus de Sarreguemines ou d'ailleurs lors des inaugurations d'expositions ou manifestations comme la fête gauloise sans que lui ne soit associé. Il regrette aussi l'urgence et la légèreté avec laquelle on a sollicité les associations locales pour les repas lors de cette fête.
Bernard Calcatera ajoute pour la défense du département, il faut aussi dire que de nombreux élus de notre territoire pensent que le tourisme et la culture n’ont rien à faire chez nous, que cela ne sert à rien…que cela coûte trop cher…
Il nous reste encore beaucoup de travail, conclut le maire, si l’on ne veut pas que d’ici une vingtaine d’années notre territoire ne soit peuplé que d’agriculteurs et de personnes du quatrième âge…
Commentaires
Qu'est-ce qui vous fait penser à une hypnose ? Ce n'est pas parce qu'il y a eu cette analyse que cela doit bloquer un beau projet !
Et pourquoi donc cette unité sentirait l'oeuf pourri ? A Morsbach (c'est là où se trouve l'unité de méthanisation de la comcom voisine), on ne sent rien de bien particulier.
Du coup j'ai visité le site de Legifrance concernant " les règles techniques auxquelles doivent satisfaire les installations de méthanisation soumises à autorisation en application du titre Ier du livre V du code de l'environnement"
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000021334497
Article 3:
"Le choix du site d'implantation est fait de telle manière qu'il ne porte pas atteinte à l'environnement, au paysage ou à la santé, notamment en ce qui concerne la proximité d'immeubles d'habitation ou de zones fréquentées par des tiers"
Tout cela donne froid dans le dos et nous laisse songeur lorsque l'on arrive aux articles concernant les possibles incendies, fuites de biogaz, prévention de pollution de l'eau, de l'air....
Mais je reviens au permis de construire, car nous sommes dans le périmètre du Parc Naturel de Lorraine et la Salicorne est signalée sur la carte du Parc Naturel régional de Lorraine
CODE DE L'ENVIRONNEMENT
Article R512-8
"Une analyse de l'état initial du site et de son environnement, portant notamment sur les richesses naturelles et les espaces naturels agricoles, forestiers, maritimes ou de loisirs, ainsi que sur les biens matériels et le patrimoine culturel susceptibles d'être affectés par le projet "
Le Préfet était sous hypnose lorsqu'il a délivré le permis??
Un moment notre bon maire avait envisagé une installation similaire aux portes de Château-Salins au lieu dit "derrière le Moulin." derrière le restaurant actuel " Le Chalet."
Nous restons vigilants. Nous sommes avec vous.
A moins, qu'elle ne pense faire de cette unité de Gaz, le nouveau pôle touristique de Marsal?????
Mais il sera toujours temps dans peu d'années de venir pleurer d'autres subventions et aides pour cause de non-rentabilité..
Peut-être quelques pistes pour trouver les actions et la stratégie à adopter en suivant les liens ci-dessous:
http://www.coin-urbanisme.org/autorisations/permis/obtention/delai.html
http://www.wikiterritorial.cnfpt.fr/xwiki/wiki/econnaissances/view/Notions-Cles/LesproceduresdecreationduneInstallationclasseepourlaprotectiondelenvironnement
Mr le maire, j'ai beau lire et relire cet article je n'arrive pas à voir votre stratégie et les futures actions à engager pour délocaliser ce projet d'implantation!( projet qui a déja un permis de construire).
Merci à notre maire d'avoir enfin pris publiquement position !
Évidemment, il était temps, mais je salue le diagnostic -objectif- porté sur les deux problématiques abordées.
Je salue également le tact utilisé envers les agriculteurs qu'il ne s'agit pas non plus de critiquer.
J'espère que le Républicain Lorrain finira également par aborder le sujet... Les chiens écrasés c'est une chose, les projets et ce qu'ils peuvent induire de positif et/ou de négatif c'est autre chose ! A moins que ce silence ne soit politique ?
En tout cas, je salue le courage de notre premier magistrat. La situation peut être embarrassante mais il exprime sans nul doute l'opinion d'une bonne partie des marsalais qui ont signé la pétition contre le projet :
http://www.petitions24.net/forum/98062
Serons-nous un jour entendus ?
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