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Plus de soixante-dix personnes se sont déplacées à la salle socio-culturelle de Moyenvic, ce jeudi 16 février 2017, répondant à l’invitation de l’INRA et de l’Université de Lorraine. Dans le cadre du programme ASTRAL (Acteurs et Services écosystémiques des Territoires RurAux Lorrains), l’équipe scientifique composée d’agronomes, de sociologues et d’anthropologues a livré une restitution de résultat de l’enquête menée depuis novembre 2016, dans la Vallée de la Seille.

Fabienne Barataud, agronome à l'INRA, a présenté dans un premier temps, les objectifs et les enjeux de cette mission, qui concernent trois terrains d’études sur le Bassin versant la Seille (les délaissés industriels des friches de Micheville et d’Homécourt, les coteaux de Moselle et la plaine polyculture-élevage sur la Vallée de la Seille). Notre territoire a attiré l’attention des chercheurs en raison de l’émergence d’un foisonnement de projets, riches et diversifiés.conftifseille4

Ingrid Voléry, sociologue à l'Université de Lorraine, a évoqué ensuite, le positionnement des chercheurs, éloignés des commandes des bureaux d’étude, il se veut également respecter le principe de symétrie et de réciprocité. Le chercheur place au même niveau les dires d’acteurs, qu’ils soient experts (techniciens), élus locaux,  professionnels des mondes agricoles, membres d’associations ou citoyens. Alissia Gouju, Doctorante en Sociologie, nous montre l’intérêt de comparer différents terrains, puisqu’elle-même travaille sur les perceptions des friches et des vergers sur les coteaux mosellans.

Tiffany Garcia Parrilla, Doctorante en Anthropologie, a rencontré, depuis quatre mois, les acteurs impliqués dans les systèmes alimentaires localisés et/ou engagés dans des mesures environnementales pour la préservation de la Seille. A partir d’une cinquantaine d’entretiens, de participation observante (Assemblées générales d’associations locales, vœux des élus de la Communauté de Communes, événements culturels, etc.) et d’analyses documentaires (cartographies, rapports institutionnels, littérature scientifique, etc.), elle s’est focalisée lors de cette réunion, à discuter des multiples représentations sociales et naturelles de la Seille, à travers les controverses qu’elles soulèvent.

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 La Seille ne renvoie pas une vision homogène et unifiée : elle varie selon les groupes sociaux et doit se penser au pluriel. Elle peut être vécue comme une « ressource » qui a induit une image de prestige et d’enrichissement social (à travers l’histoire de l’exploitation industrielle du sel, des pratiques alimentaires autour de la pisciculture, de l’intérêt floristique et faunistique d’une vallée halophile protégée) mais également comme un « instrument de pouvoir » sous l’effet des menaces et des risques qu’elle véhicule. L’anthropologue explicite cette question avec le rôle technique et politique du Domaine du Lindre sur l’ensemble du Bassin versant de la Seille en matière d’inondations et des nombreuses pollutions visibles (comme l’eutrophisation) et invisibles (indiquées par les captages Grenelle) qui n’assurent pas une qualité de l’eau durable et qui interroge les systèmes de productions agricoles, les industries,etc.

La Seille révèle également différentes manières de « la dessiner » : entre disparition, oubli, transformation et visibilité, esthétisation, préservation. Depuis le Moyen-Age, le cours d’eau a connu des travaux hydrauliques lourds (recalibrage, curage, drainage, etc.) à travers les activités humaines. Certains acteurs déplorent cette continuité en évoquant son invisibilité et sa banalisation. Ils dénoncent une culture sociotechnique du « propre » par l’arrachage, un attachement aux interventions par curage pour ordonner la nature, une domination insatiable de l’homme sur la nature. Ils défendent par ailleurs une renaturation du cours d’eau et utilisent un vocabulaire qui le personnifie (la Seille est malade, il faut penser son bien-être, etc.) impliquant l’idée d’une nature belle et autonome où l’intervention de l’homme doit être mesurée ou inexistante.conftifseille2

Cette réunion qui duré près de trois heures, aura permis de riches échanges entre des acteurs différents aux discours parfois complémentaires, parfois antagonistes, notamment sur la présence ou l’absence d’arbres sur des sols à forte salinité, la remise en cause technique de l’intervention par curage lors de cas d’envasement, du rôle technique de la gestion départementale du Lindre dans les inondations.

Le débat s’est clos autour d’une proposition collective pour une prochaine mission de recherche, sur des ateliers de cartographies participatives : outil d’aide à la concertation, qui permet de penser notre territoire dans son ensemble, au-delà des perceptions et des pratiques divergentes.
Le verre de l’amitié a ensuite permis à l’assemblée de poursuivre les discussions de façon plus informelle mais néanmoins fort intéressante entre les nombreux acteurs présents.


Pour toute demande d’informations complémentaires, veuillez-vous adresser à : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. / 06 32 92 45 84.

Retrouvez la conférence et le débat qui s'ensuivit dans les vidéos ci-dessous :

Commentaires   

+5 #3 Candide 21-02-2017 14:57
Un grand bravo et surtout merci pour vous pencher sur notre rivière. Un regard extérieur permet de prendre du recul et chacun peut ainsi voir les choses avec un peu plus de manière plus réfléchie.
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+7 #2 Aller plus loin 21-02-2017 10:05
Citation en provenance du commentaire précédent de Moyenvicois :
Il est écrit "La Seille ne renvoie pas une vision homogène et unifiée : elle varie selon les groupes sociaux et doit se penser au pluriel."
Cela est une évidence partagé par ceux qui ont de vrais projets mais pas par ceux qui préserve leur pré carré, osez allez de l'avant et vous remettent en question sinon on continuera à voir se mourir le territoire !


C'est exactement ce que les chercheuses ont soulevées :

- Les pratiques individualistes ne peuvent être durables autour d'un territoire qu'il faut penser en interconnexion autour de la circulation de l'eau (inondations, pollutions, renaturations)

- "Allez de l'avant" c'est donc être innovant ...aujourd'hui l'innovation, ce n'est pas de perpétuer des logiques destructrices. "La remise en question" au contraire permet d'avancer (enfin) ensemble : celui qui continue d'arracher, de curer, de transformer de son côté, n'agit pas dans une logique d'ensemble mais dans une logique purement individualiste.

L'eau est partagée ! Comme les sols, comme un paysage : si un agriculteur, industriel, etc. veut être bien jugé socialement aujourd'hui : ce n'est plus par son productivisme ! C'est par sa possibilité de mener une penser complexe : en lien avec tout ce qui l'entoure, l'économie, le social, l'environnemental...
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+7 #1 Moyenvicois 21-02-2017 08:00
Il est écrit "La Seille ne renvoie pas une vision homogène et unifiée : elle varie selon les groupes sociaux et doit se penser au pluriel."
Cela est une évidence partagé par ceux qui ont de vrais projets mais pas par ceux qui préserve leur pré carré, osez allez de l'avant et vous remettent en question sinon on continuera à voir se mourir le territoire !
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