Les stars d'Halloween, les favorites des déguisements d'enfants n'ont pas toujours été des sorcières bien aimées ! Au contraire. Les femmes des XV, XVI et XVIIème siècles, un peu excentriques, un peu différentes, peut être tout simplement...libres ont vécu un véritable calvaire.
C'est leur histoire et leurs injustes condamnations qu'Aline Delavallade, guide conférencière pour l'OT du Saulnois et Anne Schlick musicienne et chanteuse ont présentées au public lors de trois déambulations musicales dans le sublime bâtiment du puits salé de Dieuze.
Une véritable réhabilitation publique au son de la Nychelharpa (instrument traditionnel suédois) et de quelques chansons médiévales envoûtantes. Et si elles ont choisi Dieuze pour décor, c'est parce que dans cette ancienne cité du sel, on a brûlé 25 sorcières il y a quelques siècles ! Le plus grand nombre de victimes dans le Saulnois où l'on compte 112 procès de ces pauvres dames sur tout le territoire.
Car les sorcières, celles qui jettent des sorts, dans le monde rural, sont accusées de voler la nuit sur leurs balais afin de rejoindre le diable pour des orgies sulfureuses : les sabbats ! Après leurs ébats, le diable les marque, ce sont les stigmates. Blessures témoins de cette liaison, ce sont ces marques qui seront recherchées lors des procès que l'on fera aux sorcières.
On organise des chasses aux sorcières, on les arrête, on les torture, on les juge, on les brûle, sans la moindre objectivité pour la raison première qu'elles dérangeaient. L'église joue un rôle central dans la persécution de ces femmes qui symbolisent le mal, le pêché. Dieu est partout et l'église a toute autorité et toute puissance sur les hommes. En Lorraine où la foi est très vive, l'Inquisition sera très présente.
La place de la femme à cette époque est également à mettre en lien avec cette "épidémie" de sorcières. La femme est évidemment inférieure à l'homme et il y a cette affaire de pêché originel (Eve a croqué la pomme la première), elle représente la tentation, la sensualité, le désir, une hérésie !!!
Sage femme, guérisseuses, sont vues par l'église comme des concurrentes. Au XVème siècle, un livre très répandu a pour but de guider les magistrats au nom de la papauté dans le jugement des sorcières. Le "Maleus Maleficarum" certifie l'existence de la sorcellerie. La nature charnelle des femmes les prédispose à la sorcellerie; Il faut renforcer la domination des hommes, renforcer la patriarcat pour éviter que les femmes ne les séduisent.
Celles qui échappent à ce contrôle le paient cher. Voir, sur la carte du Saulnois ci-contre, les procès de sorcières :
Dieuze : 25
Marsal : 17
Vergaville : 14
Juvelize : 8
Marthille : 5
Lucy : 5
Insming : 4
Loudrefing : 3
Donnelay : 3
Vic : 3
Haraucourt : 3
Salonnes : 2
Tarquimpol : 2
Bassing : 2
Lidrezing : 2
Mulcey ; 2
Château-Salins : 2
Fresnes en Saulnois : 2
Lindre-Basse : 1
Gelucourt : 1
Vaxy : 1
Delme : 1
Liocourt : 1
Morville sur Nied : 1
Chenois : 1
Virming : 1
Commentaires
Les rumeurs et les théories du complot - satanique en l'occurrence, ici - n'ont rien de nouveau, c'est au contraire universel et intemporel... Et soit dit entre nous, en 2021, nous avons encore nos sorcières que d'aucuns estiment pouvoir chasser aujourd'hui...
Je regrette d’avoir manqué ce bel événement dont je n’avais pas connaissance…
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