Il y a tout juste cent ans, le 1er janvier 1916, un canon de 38 cm de diamètre, tirait son premier projectile sur la ville de Nancy. Installé à 4 kilomètres de Moyenvic, dans la forêt de Bride, entre Morville et Hampont "le Gros Max", c'est son nom, a pendant deux ans mobilisé un millier de soldats et des centaines de prisonniers russes pour sa construction et son utilisation.
Aujourd'hui, le Gros Max est perdu dans la végétation mais conserve toujours une part de mystère que Grain de sel a tenté de percer.
En 1915, dans un Saulnois annexé par l'Allemagne depuis 44 ans, les Allemands jugent utile de bombarder les villes françaises proche de la frontière. Ils souhaitent ainsi perturber l'approvisionnement du front mais aussi terroriser les populations civiles de Nancy, Lunéville ou Dombasle, distantes d'une trentaine de kilomètres de là.
Le site choisi pour installer le canon mis au point par l'amiral Max Logge, est proche de la voie ferrée Château-Salins - Bénestroff. Situé à flanc de coteau, dans un bois protégé par une crête, il nécessitera une logistique impressionnante et la construction de voies ferrées afin de transporter les 20 000 tonnes de matériaux qui auront permis son édification.
Il s'étend sur 1,5 ha et est constitué de casernements, de soutes à munitions et d'une cuve demi-circulaire d'un diamètre de 23 m. Le tube du canon était en acier et mesurait 17 m de long.
L'implantation du Gros Max nécessita également la réalisation de grosses infrastructures dans la région : un terrain d'aviation, entre Burlioncourt et Haboudange, un dépôt de machines à vapeur à Puttigny, un hôpital de campagne dans la ferme d'Hédival, un camp de prisonniers russes dans la forêt de Bride, le stockage des munitions dans la forêt d'Amelécourt, des voies ferrées fictives pour tromper l'ennemi ainsi que la consolidation des routes environnantes.
Devant une telle entreprise, on se doute bien que l'armée française ne resta pas sans réagir. Elle multiplia les raids aériens sur le bois pendant les travaux mais les Allemands arrivèrent à leur fin. Le 1er janvier, 10 obus furent tirés sur Nancy. Les quartiers de la rue Jeanne d'Arc et de la Croix de Bourgogne ainsi que la gare de Jarville sont touchés.
Le 4 janvier les bombardements reprennent sur la cité ducale.
Le 26 février, 35 obus sont tirés sur Nancy et 5 sur Lunéville.
Mais les Français réussirent à repérer précisément l'emplacement du Gros Max et bombardèrent régulièrement la machine. 7 morts, 28 blessés côté Allemand en février et en juillet 1916.
En décembre, l'Empereur Guillaume II fait une tournée d'inspection. Le 16 février 1917, d'autres tirs dirigés sur Nancy, Lunéville et Dombasle sont enregistrés. Mais le Gros Max est endommagé par l'artillerie qui a été renseignée par une patriote castelsalinoise, Jeanne Tournaire. Il ne retirera plus. Il sera démantelé après avoir fonctionné 146 fois, ne laissant dans le bois de Chaumont que des tonnes de béton inutiles que l'on distingue encore aujourd'hui dans cette forêt redevenue paisible.
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Article publié sur Grain de sel en juillet 2010
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