Il y a quelques semaines pour Grain de sel, il nous avait parlé pendant une heure trente sans interruption des cinq années d'exil des Marsalais pendant la deuxième guerre mondiale.
A l'âge de 94 ans et après sa partie de cartes hebdomadaire à l'Auberge de Mulcey, Henri Rémillon est décédé hier jeudi en fin d'après midi.
La disparation de ce géant du Saulnois va résonner comme un coup de tonnerre sur ce territoire qu'il a tant aimé.
En republiant l'article intitulé "Henri Rémillon..pionnier du Saulnois touristique" mis en ligne sur Grain de sel en février 2010, on atténuera peut-être un peu cette tristesse collective qui nous envahit lorsqu'un personnage de cette trempe disparaît.
Les obsèques d'Henri Rémillon seront célébrées lundi 28 août à 15h, à l'église de Marsal.
Henri Rémillon, pionnier du Saulnois touristique :
A 87 ans, il vous raconte avec un enthousiasme et une énergie hors du commun comment, avec une poignée de passionnés, il a contribué à créer le Syndicat d'initiative, le musée du sel, le Parc naturel régional de Lorraine.
Henri Remillon a reçu le Grain de sel pour une plongée dans l'histoire du Saulnois.
Né le 25 janvier 1923, dans la maison familiale, à la ferme de Bourrache, à côté de Marsal, le jeune Henri reprend l'exploitation agricole à 28 ans et s'investit très tôt dans les instances professionnelles agricoles. Il est ainsi le plus jeune membre de la chambre d'agriculture. Il crée le cercle des jeunes agriculteurs des cantons de Vic et Dieuze. Plus tard, il deviendra président du jury du concours de chevaux de trait ardennais de l'Est de la France.
En 1959, après le décès soudain, du maire de Marsal, Jules Joublot, il faut élire un nouveau conseiller municipal. Henri Remillon se présente, est élu et devient même maire dans la foulée. Il restera à la tête de la commune trente années. Cette prise de fonction non programmée sera grandement facilitée par l'aide précieuse du secrétaire de mairie de l'époque : Mr Admant. Grâce à ce remarquable guide, le jeune maire comprendra rapidement les arcanes de la gestion municipale.
Plein de détermination et avec un culot étonnant, il renverra, un certain Gil Bureau, architecte chargé de la reconstruction du village (comme à Moyenvic) et grand prix de Rome, persuadé que ce fameux architecte parisien n'oeuvrait pas dans l'intérêt des habitants de sa commune.
En 1965, avec Mrs Woerther, Corbeil, Durain, Admant et Paté, il relance le syndicat d'initiative de Vic, alors en sommeil, pour en faire le Syndicat d'Initiative de Vic et de ses environs en y intégrant les villages d'Haraucourt de Marsal et Moyenvic. Un dépliant est rapidement réalisé présentant les lieux touristiques importants de chaque village.
En 1970, Jean-Paul Bertaux entreprend pour la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) une campagne de fouilles dans la haute vallée de la Seille. Il contacte Henri Remillon et s'installe à Marsal. Afin de montrer au public les découvertes et le fameux briquetage de la Seille une exposition est organisée dans une salle de la porte de France. Le Syndicat d'Initiative apporte de Vic des objets de l'hôtel de la Monnaie, le musée de Sarrebourg aide à garnir la salle en sortant de ses réserves quelques antiquités. Des pièces gauloises et romaines sont aussi exposées et quelques trésors du premier collectionneur marsalais Armand Demange sont sortis des greniers et montrés au public. L'usine EFKA réalise pour l'occasion des vitrines qui abriteront les premières collections. C'est le début de l'aventure du musée du sel.
Fort de ses relations avec quelques hommes politiques lorrains très influents et sensibles à l'importance historique de la vallée (Pierre Messmer, François Guillaume) et grâce à l'implication des industriels de la chimie et du sel (Salins du midi, Solvay..), le musée est officiellement inauguré le 25 novembre 1973 en présence du Premier ministre et du ministre de l'environnement.
Le musée grandira au fil des années, grâce à l'association d'animation du musée créée par Henri Remillon. Il embauchera des hôtesses d'accueil, publiera avec les professionnels du sel la revue de grande qualité "Les cahiers du sel", installera une boutique à l'entrée du musée et accueillera les scolaires pour acquérir au final une renommée régionale incontestée.
En 1995, l'association d'animation du musée se verra remettre le prix du meilleur accueil des musées de France. En 2004, le musée franchira une étape supplémentaire en devenant départemental.
L'implication d'Henri Remillon dans le développement du Saulnois le placera tout naturellement au coeur du processus de création du Parc naturel régional de lorraine (PNRL) au début des années soixante-dix. Il devra se battre au sein même de son propre conseil municipal pour faire admettre l'idée du PNRL. Les réticences étaient grandes, il y a quarante ans, lorsque l'on parlait d'environnement ou de préservation et valorisation du territoire.
Après avoir franchi de nombreux obstacles, la charte du PNRL sera finalement signée par les Marsalais. Il imposera alors la présence des élus locaux au sein du conseil d'administration du PNRL, au côté de l'état et du conseil régional. Il sera d'ailleurs le premier représentant des maires de Moselle au sein de cette instance. Le PNRL sera un partenaire de poids pour l'aide apportée dans la gestion du musée du sel.
Décoré de l'ordre national du mérite en 1988, Henri Remillon pose un regard plein d'humilité sur son parcours pourtant exceptionnel qu'il résume d'une simple phrase : « Dans la vie, il faut toujours s'ouvrir sur l'extérieur ».
Commentaires
Honneur a toi, homme de cœur. Ma sympathie a la famille. Jean-Paul Fleurent
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