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Le quotidien spécialiste de l'économie "Les Echos" a consacré, dans son édition du 18 août, un article sur les vestiges archéologiques du Saulnois communément appélés briquetage de la Seille. 

Un coup de projecteur national sur notre territoire et ses richesses que vous pouvez lire ci-dessous :

A vingt kilomètres de Nancy, le Briquetage de la Seille constitua à l’âge de fer un des principaux sites européens de production de sel.A vingt kilomètres de Nancy, le Briquetage de la Seille constitua à l’âge de fer un des principaux sites européens de production de sel.
Au sud de la Moselle, les collines verdoyantes de Marsal recèlent un site archéologique majeur, qu'un chantier-école international explorera cet été pour la dernière fois. Connu sous le nom de « Briquetage de la Seille », le lieu conserve les vestiges d'une industrie du sel qui prit à l'âge de fer des dimensions stupéfiantes. Du VIIe  au Ier siècle avant J.-C., les Celtes, puis les Gaulois, ont exploité les sources naturellement salées de la rivière Seille. La saumure obtenue par décantation était chauffée dans des moules en argile. Les sauniers cassaient ensuite ces briquetages pour dégager les pains de sel. Les monticules de déchets ainsi disséminés constituent aujourd'hui un trésor pour la recherche.

Depuis 2001, des équipes françaises, britanniques, chinoises ou allemandes se succèdent sous la direction du Musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye pour investiguer une zone de 10 kilomètres de longueur, où sont enfouis quelque 4 millions de débris de terre cuite, soit deux fois le volume de la pyramide de Khéops ! « Les programmes de recherche successifs nous ont beaucoup appris, non seulement sur les techniques de production du sel, mais aussi sur l'impact de cette exploitation sur l'environnement naturel et humain de l'époque celte à nos jours. Les échantillons recueillis à Marsal feront l'objet de plusieurs monographies, mais le site n'a certainement pas livré tous ses secrets ! », assure Laurent Olivier, conservateur en chef du patrimoine et responsable du département d'archéologie celtique et gauloise du Musée d'Archéologie nationale.

Conserver les aliments
Préhistorique, l'épopée industrielle de la vallée salifère mosellane renvoie à des thématiques étrangement contemporaines. A l'époque où les tribus nomades se sédentarisent, le gisement, situé au coeur de l'Europe, à 300 kilomètres de la première mer, fait des autochtones celtes les rois du pétrole de l'âge de fer. La précieuse substance agrémente les repas, fidélise le bétail et constitue la meilleure manière de conserver les aliments. Venue d'Alsace, de Bourgogne, d'Allemagne ou de la région parisienne, la clientèle afflue. L'analyse des briquetages permet d'évaluer la production celte à plusieurs milliers de tonnes de sel par an. Dans un premier temps, la manne profite aux autochtones et favorise les échanges.

Les archéologues ont découvert dans les vestiges d'habitations des bijoux en ambre provenant de la mer Baltique, de l'or, mais aussi des meules ou des ossements de cochons, témoignant d'un commerce soutenu, notamment avec les vallées vosgiennes. L'enrichissement local semble se tarir à l'époque gauloise. La production augmente pourtant, atteignant plusieurs dizaines de milliers de tonnes de sel par an, mais elle paraît contrôlée par des aristocraties éloignées. Sur place, certains indices évoquent le recours au travail forcé.

Conséquences environnementales
En 2014, les archéologues découvrent dans un silo à grains les restes de quatre hommes et de quatre femmes sans lien de parenté. Les nombreuses fractures des côtes et des poignets indiquent qu'ils ont été soumis à de lourdes charges. L'exploitation intensive affecte également l'environnement. Les besoins en combustible entraînent une déforestation massive. Les 7 millions de tonnes de déchets générés en cinq siècles obstruent peu à peu les cours d'eau. Le changement climatique, qui renforce l'humidité et la froidure, contribue à transformer les vallées sèches en marécages. L'exploitation salifère prend fin avant l'avènement de l'ère romaine, mais ses conséquences environnementales perdureront durant plus de deux millénaires. En 1663, lorsque Louis XIV s'empare des Salines de Marsal, son intendant Vauban, chargé de leur fortification, bute sur les débris argileux et sur les poches marécageuses. La vallée de la Seille ne sera finalement drainée qu'au début du XXe siècle. Quant au Musée du sel situé dans le village et visité par des générations d'enfants lorrains, il vient de fermer provisoirement pour un an, faute de financement.

Pascale Braun, Les Echos 

Commentaires   

+5 #1 Bonjour tristesse 22-08-2017 07:46
On dirait que les Échos et le Figaro sont d'accord pour considérer que nous avons un patrimoine à la fois EXCEPTIONNEL et EXCEPTIONNELLEMENT DÉLAISSÉ
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