Jusqu'au 26 mai Emily Jones, artiste britanique, propose au Centre d'Art contemporain de Delme, de découvrir son travail dans l'exposition As a bird would a snake. Emily Jones opère à la jonction de multiples domaines tels que la science, l’écologie, la cosmologie, l’architecture, la technologie, l’archéologie, la géographie ou encore l’histoire, la mémoire et les croyances qu’elle envisage comme autant de strates interconnectées.
Ces différents domaines du savoir se croisent et fusionnent au sein d’environnements vivants à expérimenter, sortes de paysages à la fois physiques et mentaux, dans lesquels langage et matière - souvent organique, vivante et évoluant lors des périodes d’exposition – habitent l’espace, faisant chacun à leur manière agir leur pouvoir d’invocation.
Ses environnements sont peuplés d’objets (jouets, broderies, fruits et légumes, architecture, …) évoquant une certaine réalité écologique, sociale ou historique d’un monde complexe, dont toutes les définitions a priori stables, semblent aujourd’hui éclater et être reconfigurées. Ils reflètent la réalité mouvante et en constante évolution, d’un monde qu’une certaine idéologie a construit au cours du temps comme immuable.
Aussi le travail de l’artiste consiste à penser l’exposition, moins comme une suite d’œuvres à observer qu’un ensemble d’entités qui, une fois connectées, génèrent une dimension propre à celle du rituel et ses propriétés liminales, à savoir ce moment de trouble et de confusion, cet entre-deux ayant cours pendant le rite de passage, et qu’elle conçoit comme une position vitale fondamentale.
Incarnant ces mutations et interactions constantes, ces ensembles sont souvent accompagnés d’éléments de langage brut et aseptisé, utilisés à la fois pour leur qualité visuelle - leur design graphique froid, comme extrait d’un logiciel de bureautique -, que pour la réalité qu’ils convoquent, l’image qu’ils produisent dans les esprits.
Langage et matière agissent ainsi dans un constant va-et-vient entre réalité et signe, abstraction et figure. Le langage permettant par ailleurs (grâce à l’imprimé mais aussi par le prisme de la performance) de questionner la traduction d’une langue à une autre, et surtout le passage d’une culture à une autre, d’une civilisation à une autre, d’une période historique à une autre, etc.
On y trouve souvent une phrase traduite plusieurs fois, l’artiste considérant la traduction comme un territoire fertile, dans lequel un mot dans une langue peut recouvrir de multiples significations dans une autre, rendant impossible le verrouillage du sens. Le langage fonctionnerait alors comme un marécage d’où naît la vie et se développent de multiples organismes.
À l’occasion de son exposition As a bird would a snake, Emily Jones propose au visiteur de pénétrer un espace où chaque proposition artistique n’agit pas indépendamment les unes des autres mais vient former un tout dans lequel chacune d’elle interagit, de même qu’avec les humains et non-humains pénétrant leur univers. Chaque partie se veut une sorte d’offrande, un don pour une communauté, à utiliser et à s’approprier.
En savoir plus sur le site du Centre d'Art contemporain, La Synagogue de Delme