En descendant vers le ruisseau de Saint-Jean, à quelques mètres du Centre d'Art Contemporain- la Synagogue, l'ancien cimetière juif de Delme s'offre aux regards des promeneurs.
Un lieu hors du temps aux tombes alignées parfois couchées par les années qui rappelle les deux siècles et demi d'histoire de la communauté juive du Saulnois.
Tout juste tolérée au XVIIIème siècle jusqu'à l'émancipation des Juifs de France, en 1791, elle sera par la suite le centre d'une vie traditionnelle intense jusqu'à la deuxième guerre mondiale.
Lourdement taxés, interdits par la loi de posséder des terres et d'exercer les métiers de l'artisanat, du commerce de détail, les Juifs dans la localité ont des activités liées le plus souvent au commerce des animaux : six marchands de bestiaux en 1830, deux marchands de chevaux et deux bouchers. On trouve également un marchand de faïence, un marchand de chiffons et deux épiciers.
Il y avait deux cent vingt habitants de confession juive à Delme à la fin du XIXème siècle, cent cinquante-quatre à Dieuze, cent onze à Delme, soixante-sept à Château-Salins, cent cinq à Morhange, soixante-treize à Insming, etc.
La vie spirituelle des Juifs à la campagne a longtemps été caractérisée par son dynamisme et sa ferveur. La religion était présente dans tous les actes de la vie quotidienne.
La synagogue constituait le centre de gravité de la vie communautaire et celle de Delme, au style oriental, à l'imitation de celle de Berlin, construite en 1880, attirait les croyants de tous les alentours.
Parmi les deux cents sépultures du vieux cimetière de la rue du ruisseau, on trouve enterrés là des Delmois bien sûr mais également des habitants des villages voisins comme cet habitant de Bacourt Samuel, fils d'Isaac dont on peut lire l'épitaphe grâce à la traduction proposée dans le remarquable document écrit par Jean Daltrof : << Ici repose Samuel fils d'Isaac, le Cohen. Il s'en fut avec un bon renom la veille du saint sabbat ; il fut enterré le 7Tichri 610 (1850). Que son âme soit réunie au faisceau des vivants »
Le vieux cimetière, créé vraisemblablement en 1800 et totalement rempli, sera remplacé par un nouveau, ouvert en 1861 à côté du cimetière catholique.
L'exode rural, la promotion socio-professionnelle provoqueront une lente érosion des effectifs de la communauté juive. Après la Deuxième Guerre mondiale plusieurs familles revinrent à Delme, mais la communauté allait voir le nombre de ses membres diminuer (40 Juifs en 1966, 22 en 1974, 17 en 1978).
Le vieux cimetière, laissé à l'abandon, sera entretenu par des membres de la communauté juive puis réhabilité par le Conseil Général il y a une vingtaine d'années.
Commentaires
Tu as oublie de citer que Donnelay a aussi sa part dans l'histoire juive locale, avec Lazare Levy, le premier maire juif de France
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